Profondément enracinés dans la structure des cultures humaines, les sols façonnent et sont façonnés par nos pratiques et nos relations avec eux. Cependant, les sols vivants sont un sujet plutôt marginalisé, tant dans la vie académique que dans la vie publique : leur dégradation invisible ainsi que la perception des sols comme une ressource naturelle évidente n'ont reçu que peu d'attention dans les sciences sociales et humaines.
L'étude des récits culturels, des représentations et des compréhensions du sol à travers la littérature, l'art et d'autres médias peut pourtant contribuer à sensibiliser à la dégradation des sols causée par l'homme. Celle-ci peut en effet ouvrir des perspectives alternatives sur nos liens avec les sols, substance souvent négligée dont dépend toute vie terrestre. Des approches interdisciplinaires entre la pédologie et les sciences culturelles sont nécessaires pour développer de manière critique notre perception, notre appréciation et notre approche de l'écologie des sols.
Mon intervention mêle les approches des Cultural Soil Studies, des Material Studies, de l'Ecocriticism et des Ecomedia Studies. Nous étudierons, à travers des exemples audiovisuels issus des aires culturelles germanique et nordique, les sols en tant qu'« archives de la nature » et points d'ancrage pour de nouveaux récits. En effet, si les sols demeurent obscurs par nature et si les connaissances et les représentations sont insuffisantes, plusieurs questions peuvent être posées : comment imaginons-nous les sols dans l'Anthropocène ? Comment utiliser les fictions pour explorer les fonctions matérielles et ontogénétiques du sol ? Comment ces « archives de la nature » peuvent-elles contribuer à notre compréhension des relations entre humains et non-humains ?
Intervenante : Lucie Leutenecker, doctorante en co-tutelle Strasbourg-Tübingen
